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Le blog  Aimons les Comores de SAID IBRAHIM

Rectificatifs de l'article publié par MBADAKOME

20 Mars 2018 , Rédigé par Aimons les Comores

Rectificatifs  de l'article publié par MBADAKOME

Droit de réponse à la tragédie d'Iconi de 1978
Droit de réponse laissé par un visiteur:

Bonjour Monsieur le Modérateur,
Permettez-moi de vous apporter quelques rectificatifs !
Premièrement, la place s'appelle Bishioni, située devant les vestiges du palais Kapviri Djewe où se trouve le sépulcre du prince Saïd Ibrahim. (Badjanani se situe à Moroni....)
Deuxièmement, Iconi n'a jamais été soilihiste. Cette noble et vaillante ville a toujours été avant tout "princiste". Elle a soutenu le régime de feu Ali Soilih lorsque ce dernier s'inscrivait dans l'héritage progressiste du prince Saïd Ibrahim en se conformant au programme du Umma auquel s'était joint Ali Soilih avec son mouvement Mranda. Il est inutile de détailler ce programme puisque les points essentiels se retrouvent dans le plan quinquennal (plan ya Mwedeleo Usoni) rédigé sous la supervision du propre fils du prince Saïd Ibrahim, feu Si Mohammed Naçr-Ed-Dine. Ce dernier a eu l'opportunité de concrétiser certains aspects de ce plan en qualité de ministre de la production : Industrie, agriculture, élevage, pêche, artisanat etc. L'objectif poursuivi dans le court terme était avant tout l'accessibilité à tous et à tous lieux aux denrées de première nécessité à des prix défiant toute concurrence. Il a réussi à gagner ce pari grâce à un choix judicieux de ses collaborateurs, notamment l'agronome M. Ali Haribou, actuellement ancien fonctionnaire retraité de la FAO à qui je rends hommage. C'est la mise en avant des compétences - contrastant avec les recrutements de complaisance actuels - couplée d'un véritable esprit d'équipe qui a permis l'abondance dont sont nostalgiques ceux qui ont eu la chance de vivre cette époque. Dans le long-terme, son obsession était que les Comores atteignent dans un horizon raisonnable l'auto-suffisance alimentaire. Malheureusement, les initiatives prises au cours de cette période n'ont pas été poursuivies. On connaît la suite.
Un divorce s'est produit entre la ville d'Iconi et le régime d'Ali Soilih à partir d'avril 1977 lorsque le Mongozi a aboli ce qu'il appelait le Sirkali ya makaratasi : destruction de l'Etat-civil et de nombreux dossiers du Tribunal, abolition de la tenue de registres des transactions financières de l'Etat auprès des instances compétentes (Trésor, etc.). Le Mongozi a décidé de superviser lui-seul les recettes et les dépenses de l'Etat sans le moindre contrôle ni traçabilité, en amassant les deniers publics en espèces au palais de Mrodju. Peut-être que ses intentions étaient bonnes puisque je ne doute pas de son patriotisme et de son désintérêt pour les richesses mal acquises. Toujours est-il que ce mode de gouvernance porte un nom : l'autocratie. Et elle fait le lit de l'arbitraire et du totalitarisme. Ce virage idéologique incompréhensible et malencontreux a conduit à des scènes ubuesques. 
Pour illustrer mon propos. Je prendrais le cas de M. Naçr-Ed-Dine. Pourquoi a t-il démissionné en avril 1977 ?
De retour d'une tournée dans les autres îles à bord du bi-réacteur de Berra, dans le cadre de ses fonctions ministérielles, il a été accueilli sur le tarmac par Ali Toihir (de Mitsamiouli). Ce dernier a sorti une mallette de billets de banque pour payer en espèces les frais de déplacement que l'Etat devait à Berra. M. Naçr-Ed-Dine a exigé qu'un reçu soit rédigé pour la traçabilité de la transaction afin de garantir une transparence dans les dépenses de l'Etat. La réponse de Ali Toihir alias Kéké a été : "le régime bourgeois a été aboli, la révolution est en marche." Aussitôt qu'il a quitté l'aéroport Moroni-Iconi, M. Naçr-Ed-Dine a sollicité une audience auprès du Mongozi pour lui exprimer son désaccord sur sa nouvelle ligne politique. Leur entrevue a duré de très longues heures (une dizaine selon certains) durant lesquelles ils se sont dit les quatre vérités. Aucun compromis n'a été trouvé. Chacun a campé sur ses positions. L'issue logique était la démission du ministre. Il s'en est suivi une vague de répressions et d'arrestations des militants du parti Umma à travers les îles en général et à Iconi en particulier. Il est donc difficile de prétendre que la vaillante ville d'Iconi était "soilihiste" en 1978.
Le divorce politique entre le Mongozi et le leader du Umma n'a pas entamé leur profonde amitié et encore moins leur estime réciproque. Pour preuve, 3 jours avant le coup d'Etat de 1978, le Mongozi a confié à sa fille Djamila que s'il lui arriverait un malheur elle ne devait se fier qu'à une seule personne, son "frère" Naçr-Ed-Dine car il a été le seul à avoir été sincère avec lui et lui, le Mongonzi, a eu le tord de ne l'avoir pas écouté..." C'est ainsi que sa digne fille a suivi les conseils de son illustre père. Puisque c'est à Badjanani, à la résidence de Nacr-Ed-dine, qu'elle a été se réfugier à la suite du renversement de son père.
Feu Ali Soilih a fait l'objet d'une grande injustice.Le régime "mercenaro-féodal" qui l'a succédé a tout fait pour le diaboliser. La réhabilitation de la mémoire de ce grand patriote est une initiative heureuse. Encore faudrait-il éviter de tomber dans l'autre extrême, celle de sa "divinisation". En tant que musulmans, la voie qui nous est recommandée est celle du juste-milieu.
Quelles qu'aient été ses bonnes intentions, il n'en demeure pas moins qu'il a commis des erreurs voire des fautes graves qui échappent à la raison. Était-ce un excès de zèle due à une précognition de la brièveté de son règne ? Dieu seul sait. 
Ses erreurs ou fautes ne doivent pas être occultées, en particulier par ceux-là même qui se réclament de son héritage, cela afin d'éviter de les répéter si l'occasion se présente de renouveler cette épique expérience. Les tragédies de Mbéni, de Wani ou d'Iconi en font partie.
Pour le cas d'Iconi, j'ai eu l'occasion de discuter avec l'inspecteur Ahmada. Il m'a confié que jamais feu Ali soilih n'a donné l'autorisation de tirer sur les civils. Pour lui, certains soldats ont été stipendiés pour commettre cet acte ignoble afin de discréditer le régime. D'ailleurs, malgré la surprise et l'amertume, le Mongozi a vite compris le piège. Puisque selon ses proches, il a aussitôt été convaincu que c'était le début de la fin de son règne.
Même si ces témoignages me semblent vraisemblables, il est incontestable que de nombreuses zones d'ombre subsistent. Il reste à espérer que les mystères enveloppant ce fait tragique et bien d'autres encore seront un jour dissipés.
J'espère que cette modeste et rapide contribution apportera quelques éléments de réponse à vos questionnements et à ceux de vos lecteurs.
Pour finir, permettez-moi de rendre hommage à votre travail de ré-information et aussi et surtout celui de réhabilitation de la mémoire de cette figure emblématique de notre histoire récente qu'est feu Ali Soilih !
Cordialement,
Barakat N.

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