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Le blog  Aimons les Comores de SAID IBRAHIM

Mayotte, ce 101e département français en chantier

30 Mars 2009 , Rédigé par aimons les comores

Débarquement sur le port de Dzaoudzi, sur l'île de Mayotte, le 17 octobre 2005
Débarquement sur le port de Dzaoudzi, sur l'île de Mayotte, le 17 octobre 2005/Richard Bouhet AFP/Archives

DOM - Les habitants de cette petite île de 374 km2 votent dimanche sur l'avenir de leur île. La victoire du «oui», qui arrimera un peu plus le territoire à la France, semble assurée...

«Tout le monde votera oui, parce que nous voulons devenir des vrais Français, avec tout ce que cela implique de droits équivalents. J'ai vécu 16 ans à la Réunion: je vois bien la différence avec ce que nous vivons ici.» Mohamed Atiki, fonctionnaire de 39 ans, résume le sentiment qui anime les Mahorais à 10.000 kilomètres de Paris et à moins de 48 heures d’un référendum décisif, qui décidera si leur île doit devenir un département ou pas.

La départementalisation, voilà la dernière étape d'un processus entamé en 1974, lorsque Mayotte, aujourd’hui simple «collectivité d’outre-mer à caractère départemental» de 186.452 habitants, a choisi de rester française alors que les trois autres îles de l'archipel des Comores optaient pour l'indépendance. De nouveau consultés en 1976, les Mahorais, pour la quasi totalité musulmans, signifient clairement leur volonté d’être français à... 99,4%. En juillet 2000, ils ont accepté à 73% le statut spécial proposé par le gouvernement Jospin, grand pas vers la départementalisation.

Dimanche, les chiffres du oui devraient largement voguer dans les mêmes eaux. Dans une rare unanimité, tous les partis politiques représentés au conseil général, présidé par l'UMP, mais aussi les syndicats et les patrons, font campagne commune. Ils organisent des rassemblements en plein air, où les femmes en tenue traditionnelle, le salouva, viennent chanter pour le «oui» sous des fanions bleu-blanc-rouge.

La fin de la polygamie

Mayotte, où le revenu annuel des ménages était de 9.337 euros en 2005 contre 29.696 euros en métropole, espère tirer bien des bénéfices sociaux de la départementalisation. Et d’abord des minimas sociaux. Les Mahorais ne peuvent toucher que deux des huit allocations existantes en métropole. Place maintenant au revenu de solidarité active (RSA), à l'allocation de parent isolé ou encore à l'allocation de solidarité spécifique, mais progressivement. Les minimas ne seront mis en place qu'à partir de 2012. Et à un niveau qui sera seulement le «quart», au départ, de ce qu'ils représentent en métropole. Et Il faudra attendre sans doute atteindre 25 ans pour que l'égalité soit atteinte.

Parallèlement, certains impôts aujourd'hui inexistants vont apparaître à partir de 2014, comme la taxe foncière et la taxe d'habitation. Pour cette fiscalité locale, il va falloir élaborer un cadastre, définir des titres de propriété inexistants, évaluer les parcelles et les constructions. Une tâche qui promet d’être complexe, notamment dans les bidonvilles, et pourrait aussi causer des problèmes aux propriétaires les plus pauvres, qui devront vendre pour payer les impôts fonciers.

Autre changement de taille, celui des pratiques culturelles, le droit commun devant remplacer le droit ancestral. Cela signifie la fin définitive de la polygamie, la disparition du tuteur matrimonial («wali») et la réduction des attributions des «cadis», ces 22 juges musulmans encore chargés de régler certains actes de la vie quotidienne.

200 millions d’euros par an pour l’Etat pendant au moins 20 ans

Ces chantiers, ajoutés aux travaux d’infrastructure nécessaires (logement, santé, éducation avec la construction d’un collège et d’un lycée par an sur une île très jeune), nécessiteront 200 millions d’euros d’investissement par an de l’Etat, selon Yves Jégo. L’intégration complète de Mayotte, d’ici 20 à 25 ans, est à ce prix.

Hormis quelques responsables religieux pratiquant un islam modéré, qui craignent une certaine «acculturation», le camp du non est faible. A l'extérieur, en revanche, le scrutin est vu d'un très mauvais oeil par le gouvernement de l'Union des Comores, soutenu par l'Union africaine. La départementalisation doit en effet mettre fin à toute possibilité de retour dans son giron de la quatrième île de l'archipel.

Le vote ne concerne pas les quelque 60.000 immigrés clandestins (Anjouanais, Comoriens, Africains des Grands Lacs) qui vivent sur l'île et participent à l’économie informelle du pays tout en bénéficiant d’un accès relatif à l’éducation et la santé. L’avenir de la départementalisation est pourtant lié à la résolution de leur situation. 16.040 clandestins ont été renvoyés par la police en 2008 contre 8.536 en 2004.
20minutes.fr avec agence
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