EXCLUSIF. Une inspection judiciaire à Mayotte
Après la mort d'un bébé en centre de rétention, "Le Point" révèle l'existence d'un autre décès par déshydratation survenu en garde à vue il y a six
mois.
Un gendarme surplombe une
manifestante lors des émeutes survenues en octobre 2011 à Mamoudzou, à Mayotte. © Richard Bouhet / AFP
Par JEAN-MICHEL DÉCUGIS ET AZIZ ZEMOURI
La garde des Sceaux, Christiane Taubira, vient de diligenter une inspection judiciaire au tribunal de grande instance de
Mamoudzou, à Mayotte. Cette décision de la ministre fait suite à de nombreux dysfonctionnements survenus au sein de cette juridiction, qui va être passée à la loupe. Le juge d'instruction Hakim Karki, chargé d'une
enquête très sensible sur la mort par overdose d'une jeune femme et qui met en cause plusieurs gendarmes, a subi depuis plus d'un an la pression de sa hiérarchie.
À plusieurs reprises, depuis un an et demi, les avocats de la défense et de la partie civile ont écrit aux différents gardes des Sceaux pour dénoncer le comportement partial du procureur de
la République de Mayotte et d'un certain nombre de magistrats. Par ailleurs, le même juge d'instruction, Hakim Karki, a été espionné par son voisin de bureau, le vice-président chargé de
l'instruction du TGI de Mayotte, Marc Boehrer. Dans le cadre d'une information judiciaire pour "recel de violation et secret de l'instruction", le juge Boehrer avait demandé
les "fadettes" (factures détaillées de téléphone) d'Hakim Karki, ainsi que celles de certains avocats du dossier. Ce qui avait provoqué les foudres du bâtonnier de Mayotte, qui avait
écrit à son tour au garde des Sceaux.
Autre
décès
Cette inspection judiciaire à Mayotte, diligentée par la garde des Sceaux, apparaît aujourd'hui comme une oeuvre de salubrité publique. En effet, selon une information du Monde, un bébé est mort en centre de rétention administrative, le 16 août. Un événement rarissime qui fait écho à un autre décès survenu il y a six mois en
centre de rétention à Mayotte. Le Point est en mesure de révéler qu'un clandestin arrivé par bateau des Comores est mort de soif en garde à vue.
Aucun médecin n'avait diagnostiqué de déshydratation chez cet homme. Sa mort fait l'objet d'une information judiciaire confiée au vice-président chargé de l'instruction du TGI de Mayotte,
Marc Boehrer, le fameux juge qui fait les "fadettes" de son collègue...
"Cette inspection judiciaire à Mamoudzou est plus que nécessaire", explique Emmanuel Poinas, secrétaire général du syndicat FO Magistrats. "Elle fait suite à une action intersyndicale,
même si nous déplorons qu'un seul de ces syndicats ait été averti du déclenchement de cette inspection judiciaire". "Une erreur regrettable", répond-on au ministère.source : lepoint.fr
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