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Le blog  Aimons les Comores de SAID IBRAHIM

Le récit Moi Bahia, la Miraculée (Un hymne sentimental à la France)

21 Mars 2010 , Rédigé par aimons les comores

Le récit Moi Bahia, la Miraculée (Un hymne sentimental à la France)



Par Aboubacar ben SAID SALIM Ecrivain.



Je viens de lire, le récit d'Omar Guendouz et Bahia Bakari , la seule rescapée du crash du 30 juin 2009 de l'Air Bus A 310 de la Yéménia. J'ai apprécié la clarté du récit écrit dans un style parlé qui sied bien à l'autobiographie d'une petite fille de 13 ans , mais qui malheureusement cache mal le parti pris de l'adulte co-auteur contre les Comores et les comoriens.

On s'attendait à plus de respect pour le peuple comorien en général et plus de compassion en particulier pour les familles des victimes endeuillées par ce terrible accident, mais il n'en est rien.

Le fil conducteur du récit d'après les auteurs, semble être cet engouement de tout comorien pour le visa d'entrée en France et l'obtention de la nationalité Française. Pour Guendouz Omar, et Bahia Bakari, le comorien ne vit, n'agit, ne respire que dans le but d'obtenir un visa pour la France.

Deux exemples sont très parlants à ce propos, celui du sauveteur de Bahia, Libouna Sélémani Matrafi. En effet les autorités françaises n'ont trouvé comme suprême récompense pour ce héros que de lui offrir un visa pour la France et peut être la nationalité Française qui semblent plus recherchés aux Comores que le paradis d'Allah.

Page 232 on peut lire « on est français par le droit du sang, par le droit du sol. Je trouverais normal que Libouna Sélémani Matrafi le devienne, comme il le souhaite, par le mérite. » Déclare l'ambassadeur de France aux Comores Monsieur Luc Hallade,
Mais le plus insultant reste l'interprétation de l'engagement des parents des victimes pour que la lumière soit faite sur ce crash et qui pour les auteurs n'est qu'un simple moyen d'obtenir un visa pour la France.

Je cite p 236 « les associations de victimes se déchirent, comme ce Monsieur Al- Kabir , pour être sur le devant de la scène . Chacun s'improvise « interlocuteur » , pour être reçu par les autorités françaises et tenter d'obtenir un visa pour la France « ( souligné par nous)

Ce que monsieur Guendouz oublie dans son empressement pour défendre la thèse officielle, c'est que ce Monsieur Al-Kabir comme il l'appelle a perdu dans le crash sa sœur, 1 nièce et 2 neveux

Combien de victimes fallait-il avoir dans sa famille pour mériter le titre glorieux «d' interlocuteur » des autorités françaises, Monsieur Guendouz ?

Quant à un passage exprimant un peu de compassion pour les autres familles comoriennes endeuillées, non, il n'y en a pas. Il n'y en a que pour « la miraculée. » et pour sa famille.

Si d'après Monsieur Guendouz le moteur de la vie de tout comorien est d'obtenir un visa pour la France ou la nationalité française, peut on dire alors que la motivation de ce livre est d'obtenir encore plus de reconnaissance de la France pour avoir repris sans honte , ni gêne tous les clichés officiels de la France sur les Comores depuis Mayotte heureuse d'être française , jusqu'aux coups d'états, en passant par les kwassa -kwassa vers le paradis mahorais, et l'obsession du visa et de la nationalité ...française ,une véritable maladie psychiatrique ! C'est à vous dégouter d'être comorien -Mayotte a raison=CQFD-
Devant la peur compréhensible de Bahia de reprendre l'avion pour retourner en France, le Ministre Joyandet ne trouve rien d'autre à dire que : « c'est un avion de la république Française » p190.
Comme si l'avion d'Air France qui a crashé en Amérique Latine, n'était pas un avion de la République Française, comme si l'Air Bus A310 de la Yéménia, n'était pas un avion fabriqué dans la république française !

Mais l'apothéose des idées rétrogrades de Guendouz qui fleurent bon le « harkisme », réside dans l'éloge du « caméléonisme » à travers la description du père de Bahia , qu'il érige en exemple du comportement digne des bons français venus d'ailleurs, lesquels ne doivent jamais rien dire , ni rien faire qui puisse les distinguer ni les faire remarquer , d'autant plus qu'ils ont une identité quelque peu remarquable : un drôle d'accent ou une drôle de couleur !

Le contexte s'y prête en cette période de débat sur l'identité nationale en France et Guendouz semble avouer à travers l'admiration du « caméléon » Kassim , père de Bahia qui se contente d'être un éboueur fier, un point un trait et français , allais-je oublier.

P81 « Papa prend ce travail d'éboueur qu'il ne quittera jamais ....il est fier de travailler en France »

P 83 « Chaque matin, il se réveille à trois heures et demie. Il enfile sa tenue d'éboueur. Il ne manque jamais à son travail. Il le considère comme un devoir et comme une chance. » Comprenez que notre éboueur ne se mêlera jamais de syndicalisme ni d'une quelconque revendication de ses droits.
Et voilà en filigrane la solution à tous les problèmes d'intégration dans la société française.
Soyez « caméléon » vivez en France et mourrez- y , sans vous faire remarquer « pour ne pas déranger les gens. » dirait Brassens.

Page 81 «Papa est un caméléon, il se fond partout, il est partout chez lui. »
On pourrait ajouter à cette solution une autre plus radicale, le blanchissement épidermique par la chirurgie esthétique.

Et vive la France toute blanche, chrétienne, mangeuse de cuisses de grenouilles, de camembert, de baguette, et buveuse de gros rouge !
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