La question se pose toujours à Moroni.
Epidémie de dengue : La question se pose toujours à Moroni
Alors que la population constate une forte augmentation des cas de fièvre dans le pays, les autorités sanitaires, quant à elles, appellent au calme et jugent la situation actuelle tout à fait «dans les normes». Pour la direction nationale de la santé, la dernière épidémie de dengue à laquelle ont eu à faire face les Comores remonterait à l’année 2010. A cette époque, l’archipel et toute la région Océan indien ont eu à gérer une épidémie d’arbovirose, c’est-à-dire de dengue et de chikungunya.
En prévision d’autres épidémies, la Commission de l’Océan indien avait alors mis en place le Réseau de surveillance et
d’investigation des épidémies (Rsie). Le dispositif ne prévoit pas de système de surveillance exhaustif (dans tous les pays), mais un système de surveillance sentinelle comprenant quatre sites de
surveillance à Ngazidja, deux sites à Ndzuani et un à Mwali.
Ainsi toute présence de fièvres demeurant inexpliquée sur l’un de ces sites fait automatiquement l’objet d’un dépistage
de la dengue. Pour le docteur Saindou Ben Ali Mbayé, médecin épidémiologiste, on ne parle d’épidémie que lorsque le nombre de cas de malades attendus sur une période donnée est supérieur aux
prévisions.
Or, depuis l’épidémie d’arbovirose de 2010, le virus de la dengue circule dans le pays, d’où la présence de cas
positifs sur le territoire «mais cela ne justifie pas pour autant l’appellation d’épidémie». De plus, un point hebdomadaire est organisé entre tous les pays de l’Océan indien «afin de surveiller
l’évolution du nombre de cas dans la région. Là également, les cas de dengue dans la région ne sont pas en surnombre».
Depuis le 8 décembre, sur vingt prélèvements effectués, seuls quatre cas de dengue sont avérés pour le territoire
comorien. Selon le médecin épidémiologiste, «certains effets secondaires dus au traitement de masse du paludisme sont confondus avec les symptômes de la dengue, d’où le sentiment général d’une
épidémie».
Nombreuses sont les personnes, ces jours derniers, qui se disent atteintes de la dengue, ou qui constatent dans leur
entourage familial ou professionnel de nombreux cas de dengue. Comment interpréter alors les chiffres officiels? Plusieurs explications sont possibles. Outre la confusion avec les effets
secondaires du traitement de masse, la dengue est une infection virale qui présente les mêmes symptômes que le virus grippal (fièvre, courbatures, fatigue, céphalées...).
Ainsi plusieurs personnes, pensant être atteintes de la dengue, pourraient être en fait victimes de la grippe. De plus,
le fait que la dengue n’ait pas de traitement spécifique pousse les gens présentant ses symptômes à rester chez eux et à procéder à de l’automédication.
Le faible nombre de personnes se faisant tester pour la dengue pourrait donc expliquer le faible nombre de cas
officiellement recensés sur le territoire.
le docteur Saindou Ben Ali Mndou conseille la population à ne pas paniquer, de se faire tester dans les centre de santé
pour un diagnostic, notamment pour les cas suspects de paludisme qui s’avèrent être négatifs. Une fois un cas de dengue confirmé, le traitement est symptomatique (traitement de la fièvre,
traitement des courbatures…), à compléter avec de la vitaminothérapie. La vigilance reste donc de mise pour la surveillance des cas suspects, avec peut-être une évolution des chiffres, dans
l’attente des dernières analyses qui sont effectuées à l’Institut Pasteur de Tananarive à Madagascar.
Sivouzi Youssoufa
Alwatwan