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Le blog  Aimons les Comores de SAID IBRAHIM

Les raisons d'une opposition molle aux Comores

10 Juin 2009 , Rédigé par aimons les comores

Les raisons d'une opposition molle aux Comores

Cela fait plus de trois décennies que l'archipel aux parfum connaît une instabilité politique chronique qui à l'origine vient de son indépendance mal préparée et inachevée.C'est bien à partir de ce constat que l'opposition va être traquée, pourchassée durant toutes ces années du régime soilihiste et d'Ahmed Abdallah.

Mais l'avènement de la démocratie aux Comores en 1992 a vu la naissance d'un embryon d'opposition qui s'est affirmée par la formation d'un gouvernement d'union national. Mais en dehors de cela, nous sommes aujourd'hui dans le regret de constater la déchéance de cette opposition depuis ces premiers passes d'armes. Poursuivie et acculée jusqu'à sa dernière tranchée, cette opposition ne cesse de faire marche arrière à chaque fois qu'il faut défendre la démocratie et les valeurs républicaines. Au regard de la position qu'a fait montre l'opposition lors du dernier référendum sur la modification de la Constitution, les Comoriens ont découvert avec amertume une opposition molle sans réel pouvoir et qui se pavane en défenseur du pauvre peuple.

Ainsi, il est naturel, au vu de cette décadence, de se poser les questions sur les raisons qui minent l'opposition comorienne à assumer son rôle avec abnégation.En effet, sous le règne du camarade Ali SOILIH et Ahmed ABDALLAH, paix à leurs âmes, les choses étaient claires dans la mesure où ce sont des régimes dictatoriales. Les libertés individuelles étaient bafouées et les arrestations arbitraires étaient monnaie courante. Les rares partis politiques à savoir le Front démocratique, le RDPC, l'UNDC n'avaient pas pignon sur rue . Mais ces deux régimes ont vécu l'époque du bloc de l'est et de l'ouest où la démocratie n'avait plus de sens dans les pays du tiers monde.

Le discours de la BAULE en 1992, sur l'instauration de la démocratie a sonné le glas de la fin des partis uniques, à travers le continent africain. Ainsi dans bon nombre de pays africains, nous avons assisté à la naissance d'une multitude de partis qui dans la pratique vont entraver l'installation de la démocratie .

Aux Comores, par exemple, ce vent démocratique a donné corps à la formation d'un embryon d'opposition. Très vite , l'opposition dépourvue d'idéologie de base et malgré leurs promesses à tambour battant va se lancer dans des alliances de tous genres et au final, elle participe à la formation des de gouvernements d'union nationale, notamment sous le régime de DJOHAR et d'AZALI

Dans ce pays où la démocratie est loin d'être enracinée, les institutions post coloniales sont très fragiles, les règles démocratiques ne peuvent être un automatisme dans la tête de nos dirigeants. Cela se voit régulièrement lors des débats politiques où ces orateurs appliquent facilement et avec habilité le langage des mots crachés à la place des arguments fédérateurs et productifs. Tout comme la mangercratie ( corruption ) au sein des établissements étatiques qui est une banalité pour nos responsables.

Si aujourd'hui, une telle situation d'alliances ou de débauche est possible , c'est bien puisqu'il devient impossible pour ces leaders de rester longtemps dans l'opposition sans aucune source de revenu. Ainsi, dans cette traversée du désert , ils sont vulnérables à la prostitution politique.

A cet effet, le projet de la citoyenneté économique illustre bien le malaise. Une majorité de parlementaires avaient rejeté ce projet et cette position affichée ne les a pas empêchés de revenir, plus tard, sur leur décision après avoir empoché quelques millions de francs comoriens.

L'autre facteur c'est bien le nombre de petits partis politiques que j'appelle les ateliers ou bien les micro-partis. Aujourd'hui , on dénombre 25 partis politiques pour un petit pays comme le nôtre, alors qu'un grand pays comme les Etats unis d'Amérique ne compte que deux partis. Au regard de ce nombre élevé, ils sont dans l'incapacité d'imposer une vision politique du pays hormis de négocier leurs postes.

Devant cette pagaille, ces hommes ont l'habitude d'utiliser les institutions et les établissements publics comme instruments de chantage, au delà de la corruption. Il suffit d'observer qu'à chaque élection bon nombre de fonctionnaires de la Fonction publique où para-publique sont victimes d'une vaste pression exercée par les politiques. Les choses sont claires lors des élections ; les fonctionnaires sont tenus à voter en faveur de la majorité avec leur famille, sous peines de licenciement.

A ce jeu méprisant , ces responsables politiques oublient qu'une fois retirés des affaires, ils subiront à leur tour le même sort que ces fonctionnaires sans défense . Le cas du président Abdouloihabi illustre bien ce malaise . Lorsque il était dans la majorité, pour se faire élire, il a utilisé les moyens de l'Etat et a exercé la pression chez les fonctionnaires et utilisé des méthodes peu orthodoxes. Aujourd'hui passé dans l'opposition, le président de l'île de Ngazidja est devenu victime de cette pression avec tous ceux qui l'entourent malgré l'énergie débordante dont il a fait montre pour boycotter ce référendum. C'est bien le cas de l'arroseur arrosé.

Dans cette situation où le terreau n'est pas favorable à l'installation durable de la démocratie, l' opposition ne peut jouer son rôle de garant de la démocratie et des institutions républicaines si elle refuse de prendre conscience que ces dirigeants ne sont pas là pour leurs propres intérêts mais pour ceux du peuple et de la nation : c'est à elle de se sacrifier au lieu de sacrifier le peuple. Il faudrait également inscrire la nation au cœur de leurs actions et faire le regroupement de ces partis politiques en trois ou quatre partis seulement.

KARI Abdou Toihir
Source:inoussa blog
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